Humans of Montreal / Les gens de Montréal

L’idée est de saisir les gens dans leur instant présent, et de les rencontrer au travers de la photo. Je prends en photo des gens qui m’inspirent, peu importe la raison, dans les rues ou les nombreux parcs de Montréal, après avoir demandé la permission. Les rencontres peuvent être longues ou brèves selon le moment et les personnes. Ainsi, les photos sont accompagnées de un ou quelques commentaires, réflexions ou histoires de la personne rencontrée, à la manière de Humans of New York.

“Est-ce que tu aurais un conseil à donner à un musicien débutant?” “Fais-toi plaisir! Joue ce qui te tente, les chansons et les styles qui te tentent. C’est le seul moyen de persévérer, faire des choses qui te plaisent. Vas-y selon ton intuittion, ton feeling. Suis le chemin de ton coeur. De toute façon, le royaume de la musique est trop grand pour qu’une seule personne puisse tout maitriser, même pour un seul instrument. Alors chacun a sa spécialité, selon ce qu’il aime. Moi, ça fait depuis très longtemps que je joue de la guitare, et je découvre encore plein de trucs. C’est ça qui est passionant avec la musique, on a jamais fini d’apprendre.”

« Je me suis assise à terre car on vient juste de m’appelé pour une job dans l’art et je devais prendre quelques notes. Je suis contente car c’est vraiment ce que j’aime. J’étudie au cegep en art visuel. Je fais du dessin, de la peinture, un peu du bois. J’aime faire des portraits, dessiner la nature, ou bien des choses étranges… Par exemple tantôt je me suis assise sur un banc et j’ai dessiné un monstre qui se cachait derrière un arbre. J’ai des projets plus sérieux aussi, par exemple, je veux créer un compte sur instagram et y partager des portraits que j’aurais fait des femmes francophones qui ont marqué l’histoire. Car on entend très souvent parler des hommes qui ont marqué l’histoire mais pas beaucoup des femmes. »

« Pendant longtemps j’ai fait un projet de photos nommé « les montréalais sont beau ». Comme toi je prenais des photos des inconnus. Mais je leur parlais pas, j’étais trop timide. Ma meilleure fois ça a été quand j’ai croisé Léonard Cohen. Je l’ai vu en sortant d’un métro. Je l’ai aperçu je l’ai salué, il m’a salué. Puis j’ai réalisé « photo! ». Je l’ai rattrapé et je lui ai demandé. Il a accepté il a attendu patiemment que je prenne la bonne photo. Puis il est parti. Ce jour là j’étais vraiment contente. »

Elle: « Je me suis assise là, car ça me rappelle quand je voyageais au Mexique, puis que je vivais dans la rue. » Lui : « Ça fait un bout que je suis dans la rue. Pendant longtemps, j’ai vécu avec du monde dans une vieille bâtisse en région, proche de Montréal. C’était un vieux bâtiment, mais on était bien. Puis un jour des inspecteurs sont venus. Ils ont dit que la bâtisse était sur le bord de s’effondrer. Ils nous ont forcé à la quitter, puis ils m’ont juste donné un billet pour Montréal. Alors j’ai atterri ici dans la rue. Heureusement il y a des refuges où je peux passer la nuit l’hiver et il y a des travailleurs sociaux qui travaillent avec moi pour essayer de me sortir d’affaire. On m’a dit récemment qu’il y aurait de la job pour moi quelque part en région. Moi ça m’irait bien, ça. Être en ville, ça me va pas, je trouve ça étouffant. J’ai besoin des grands espaces, de la nature. Si j’arrive à partir là-bas, je serai tranquille, au calme. »

« J’étudie en herboristerie. Soigner par les plantes m’intéresse énormément. Mais au-delà, mon but est offrir des soins holistiques: Je veux conseiller les gens en prenant en compte leur santé globale, et en m’intéressant à tout ce qui influe sur la santé. Et je considère que les plantes sont une bonne manière d’aller vers une approche globale de la santé. »

« On fuit nos nouveaux colocs. Ils sont des gens trop normaux. Ils se lèvent le matin, ils vont à la job, à l’école, ils rentrent le soir. Ils sont polis, ils ont leur routine, Tout a l’air de bien aller dans leur vie. Mais il manque quelque chose, c’est comme s’ils étaient faux, c’est comme s’ils ne dévoilaient pas leur vrai personnalité. Nous au contraire, on veut être vraies, on veut être authentiques. Et ce soir, ça nous tentait d’aller jouer de la guitare dans l’escalier du métro à minuit !. »

« Je viens du Sri Lanka. Mais je suis né ici. J’aime Montréal, j’aime le Québec, je me sens chez moi ici. Mais en même temps je aussi très attaché à ma culture d’origine et au Sri Lanka. Je me sens souvent déchiré entre les deux. C’est comme une relation amoureuse. Quand on s’engage avec quelqu’un on perd quelque chose de soi pour laisser venir l’autre prendre de la place dans notre vie. Et c’est enrichissant. C’est pareil quand on immigre dans un nouveau pays, il faut laisser des parties de soi pour faire de la place à la nouvelle culture. J’ai fait beaucoup d’activisme dans des groupes environnementaux. Mais au contraire de certains activistes, je trouve que c’est très important d’accepter et de respecter le fait qu’il y a des gens qui ont des valeurs radicalement différentes des nôtres. Souvent on voudrait que les autres pensent comme nous et on méprise les gens qui ont des valeurs différentes, Peu importe qu’on soit de droite ou de gauche. Mais il y aura toujours des gens de droite, des gens de gauche, des conservateurs, des progressistes, des libéraux, des socialistes, etc. Et chacun fait sa vie à sa manière, selon ses valeurs et ses croyances. Et c’est bien, car ça fait qu’il y a une diversité de personnes et de mentalités. Ça fait qu’on est pas tous pareils et qu’il y a du débat. »

« Panhandling is actually not that bad when you’re smiling and sending good vibes to people. I’m sitting in the street but why be all sad and grumpy? Why not smile and be happy instead? It brings happiness to people who pass by. And so people keep bringing me food, drinks or money. You know maybe if I were looking for a job very intensely maybe I could get a shity job. Actually maybe something even shittier than this. So why would i do it? I prefer sitting happily here and make plans for traveling. « I got kicked out of my home when i was 16. Then i became a street kid in Vancouver. When you’re in the street it’s difficult to stay away from drugs. So i got into it. But then i felt if i stayed in the streets of Vancouver i’d be trapped there consuming drugs. So i left for Montréal. I hitchhiked, hopped trains. Train hopping was amazing. I can’t even describe it. You need to live the experience yourself to really understand what it feels like. Then i got in Montreal. Things are better for me here. I made a few friends and I don’t take that much drugs or alcool. I spent winter in a shelter. And now that the weather is warmer again i want to travel more. »

« Il y a une pression pour qu’on soit toujours actif dans la vie. Toujours faire quelque chose, travailler ou étudier. Moi ça me parle pas. J’aime rien faire, j’aime prendre le temps de contempler le paysage, les choses autour de moi, bref de juste être là et profiter du moment présent. C’est les moments les plus heureux de ma vie. Quand j’étais enfant, je me souviens d’un moment où j’étais dans une maison en région, et un orage a éclaté mais il y avait une partie du ciel qui était resté ensoleillée. J’étais à côté de la maison dans la partie où il y avait l’orage et je me souviens d’avoir vu mes parents au balcon juste à côté dans la partie ensoleillée. La séparation entre soleil et orage était vraiment belle. Je me souviens d’un autre moment où j’étais au Lac-Saint-Jean, couchée sur un quai, et je regardais les étoiles. Il n’y avait aucune autre lumière, alors je pouvais juste me perde dans le ciel etoilé. Plus récemment, j’ai adoré visiter San Francisco. J’aime beaucoup la vibe de cette ville. Et les pentes sont tellement fortes qu’on dirait que la ville se plie en deux. En fait il y a une chose que j’ai vraiment envie de faire dans la vie, c’est voyager. J’ai juste envie de repartir en voyage. Mais présentement, j’ai pas assez d’argent pour voyager. »

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« Je reviens de Nuit Debout Montréal. C’est un mouvement de contestation qui a commencé en France, où les gens se rassemblent et discutent de ce qui ne va pas dans notre société, et de comment faire changer les choses. J’aime bien aller à ce genre de rassemblement. Quand on voit tous les problèmes qu’il y a aujourd’hui avec le système, j’ai pas envie de rester à rien faire. Ça me tente pas de faire une vie dans le système, où je vais étudier,travailler, pas poser de question, prendre ma retraite puis mourir. J’ai plutôt envie de contribuer à faire changer les choses d’une manière ou d’une autre, et de vivre autrement. »

La fille à gauche : « On se connaissait de l’école secondaire mais on s’est vraiment rapprochées au Cegep parce qu’on ne connaissait personne d’autre. Et depuis on est devenues meilleures amies. Les gens comprennent pas pourquoi on est amies, car on est très différente l’une de l’autre. Elle est plus introvertie, tandis que moi je suis plus extravertie, je parle tout le temps. Mais c’est qu’en fait on se complète. C’est ça qui fait notre amitié. Je vais étudier en art visuel. J’aime dessiner, peindre, etc car ça me permet de m’exprimer. J’arrive pas toujours à trouver les mots justes pour dire ce que je ressens. Alors, faire une peinture, ça me permet d’exprimer mes émotions. »

« Je suis née sourde. Alors je suis allé dans une école pour sourds. La langue des signes est ma première langue. Quand j’ai eu 10 ans, j’ai eu une opération qui m’a permis de commencer à entendre. Je n’étais plus sourde mais malentendante. Alors j’ai pu apprendre à parler. Et mes notes à l’école ont augmenté. Mais les enfants de l’école des sourds n’ont pas supporté ça et m’ont intimidée. C’est un milieu très fermé et ils ne toléraient pas que je parle. Ils voulaient que je continue de n’utiliser que la langue des signes. Alors je suis allée dans une école normale. Mais là aussi c’était difficile. Je suis une fille très sociable. Mais si je n’allais pas parler aux gens, les gens ne venaient pas me parler. Ils savaient que j’avais un handicap et ils ne faisaient pas l’effort de venir créer une conversation avec moi. C’était toujours à moi de faire le premier pas. Malgré ça j’ai réussi à finir mon secondaire, et j’ai une job. J’ai toujours voulu être une personne normale et ça a été un combat toute ma vie. »

« On s’est rencontré grâce à Tinder, en fait plutôt à cause de Tinder. Tous les deux on trouve que c’est de la merde. Elle, elle a un blog et elle a écrit un article pour critiquer Tinder. Puis moi je suis tombé dessus, je le trouvais intéressant alors je lui ai écrit pour en discuter. Et de fil en aiguille, on a fini par se rencontrer en vrai et passer du temps ensemble. »

« Je fais de la musique électro pour un band nommé Queer Queen. On est vraiment tourné vers un public lgbt. J’ai commencé dans le théâtre, j’ai étudié la dedans mais je n’ai pas réussi à trouver un cadre qui m’allait la dedans. Alors j’ai parti mon propre band de musique. Et maintenant je sens que je peux vraiment laisser aller ma créativité.  »

« On vient juste de se mettre ensemble. On se connaît du cegep. On a étudié tout les deux en architecture. Puis cet été elle était bénévole dans les festivals. Alors elle m’a proposé de venir la rejoindre et passer du temps avec elle. Et une chose menant à une autre, on est ensemble maintenant.  »

« J’écris des poèmes et je les chante en m’accompagnant à la guitare. Je viens d’Uruguay. J’ai toujours été entre les deux cultures, entre le Québec et l’Uruguay. J’ai grandi ici et je me considère comme québécoise, mais je suis aussi très attachée à mon pays d’origine. J’aime beaucoup la convivialité et la chaleur qu’on a en Amérique du Sud. Je trouve que ça nous manque ici.  »

« I moved here from Brazil a few years ago. And I want to live here. It’s much safer. What I really like about Montreal is the diversity of the people. And also the fact that you’re free to live your life the way you want here. People won’t judge you on your choices. »

« Je vais étudier en relations internationales. Alors je sens que ça me concerne de venir au forum social. Je m’intéresse au conflit israélo-palestinien. Les palestiniens vivent dans des conditions horribles. La guerre, le manque de ressources, etc. Quand tu te fais bombardé, que t’es blessé, que t’as pas accès à des soins ou même juste à de l’eau, la vie est dure… On se rend pas compte à quel point on est en sécurité ici. À quel point on a accès à beaucoup de choses. Alors j’essaye de mettre à partie cette chance et cette sécurité pour en apprendre plus sur le monde. En venant ici par exemple. Je trouve ça dommage que beaucoup de gens regardent des séries télé à longueur de journée ou jouent à pokemon dans la rue sans se remettre en question. C’est gaspiller la chance qu’on a d’être dans un pays en paix, et où on a accès facilement aux choses de base et au savoir.  »

“Je fais du cinéma. J’aime écrire, inventer des histoires. Des scénarios avec de l’amour et du sang… Pour l’instant je suis encore beaucoup dans ma tête, je n’ai pas produit grand-chose. Mais je vais m’y mettre petit à petit. Il faut juste que j’arrive à me mettre dans le concret.”

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« De temps en temps, j’aime prendre des moments pour moi, pour écrire des réflexions et des choses que je trouve importantes de me rappeler. »

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« I do painting and photography. I don’t go to school for it because I don’t want to have to respect certain rules and patterns, I want to explore and define my own style and create what I truly want. »

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« Je vais à une école secondaire dans le nord de Montréal, au bord de la rivière des prairies. J’adore ça car on fait plein de plein-air, on a de grands terrains de sport et l’été on a des cours de kayak et canoë. Et je suis content, car l’an prochain je vais partir étudier au Pays de Galles dans une école internationale. Je vais pouvoir rencontrer des gens de partout dans le monde! »

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« Je préfère travailler dehors dans la nature plutôt qu’enfermé dans mon atelier. Il y a plus de lumières et les intempéries ne me font pas peur. Il va bientôt pleuvoir et ça tombe bien car j’ai besoin de mouiller un peu ma sculpture. Et je fais des rencontres avec des gens, je peux parler de l’oeuvre que je suis en train de réaliser. Et si je rencontre quelques personnes intéressés à apprendre la sculpture, j’animerais des ateliers de sculpture dans le parc. L’idée de cette sculpture m’est venu en rêve. J’ai rêvé d’un aigle qui survolait le grand Canyon. Alors j’ai commencé à sculpter ce que j’ai vu. Je veux y donner une symbolique particulière : cette sculpture représente la structure du monde qu’on va léguer à nos enfants. Le système capitaliste dans lequel on vit crée de la pauvreté et détruit l’environnement. Les pics qui s’élèvent représentent ceux qui s’accaparent la richesse et le pouvoir, ceux qui maintiennent inconsciemment un système économique qui mène l’humanité à sa perte. Cependant, j’ai voulu mettre un peu de nuances en sculptant un cœur en haut d’un pic, pour représenter le fait que quelques-uns ont quand même de la compassion, comme Bill Gates qui a décidé de léguer sa fortune à des organisations humanitaires plutôt que d’enrichir encore plus sa famille. La base des pics représente les peuples, et les arches représentent des ponts et des alliances qui se créent entre les peuples pour lutter contre le système. Je crois qu’aujourd’hui les nouvelles technologies vont permettre de créer des réseaux de citoyens qui vont pouvoir lutter ensemble et éveiller les consciences.  »

« Je viens du Chili. Je suis en voyage et je suis venu rejoindre ma copine ici. Je me fais de l’argent en jouant de l’accordéon. Et ça marche vraiment mieux ici qu’au Chili, ici j’ai le sentiment que les gens aiment beaucoup sortir dehors et écouter les artistes de rue. »

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« J’ai toujours cru que je n’étais pas croyante, mais étudier en science des religions m’a fait changer d’avis. En étudiant là-dedans, tu te rends compte qu’on est tous croyants, d’une manière ou d’une autre. En fait, les sciences des religions élargissent le concept de religion, Elles le conçoivent comme un ensemble de valeurs et de croyances que les individus ont. Et on croit tous dans toutes sortes de choses. »

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